Emilie avait fait un rêve. Elle courait. Elle courait après quelqu'un. Il ou elle était grand et brun. Il ou elle n'avait pas de visage. Juste un sourire agaçant qui la mettait hors d'elle. Elle ne savait pas pourquoi elle était en colère et elle ne savait pas non plus pourquoi elle courait. Peut être par vengeance ? Etonnant. Elle haletait. Elle avait chaud et un poing de côté commençait à la tenailler. Pourtant, il n'était pas question qu'elle s'arrête. Elle accèlera le pas et soudain, elle tomba.
Emilie s'éveilla en sursaut. Elle était en sueur et son coeur battait la chamade. Elle tatônna son matelas, s'assurant de la réalité qui l'entourait. Enfin, soulagée, Emilie poussa un soupir. La Poufsouffle se leva et s'étira. Il était encore tôt et ses camarades de dortoir dormaient à poing fermé.
*Tu as fait un mauvais rêve ?*
Emilie sursauta et fit volte-face. Personne. Devenait-elle folle ? Elle avait bien entendu une voix pourtant. C'était sûrement son rêve qui lui restait sur le coeur. La brunette attrapa en vitesse une jupe et un chemisier avant de filer dans la salle de bain commune.
L'eau coula du robinet. Son flux était trop fort, il éclaboussa Emilie, la brûlant légèrement au passage.
*T'es vraiment pas douée !*
Emilie se figea sur place. Son visage interdit se reflétait dans le miroir qui lui faisait face. Ses yeux étaient écarquillés, ses lèvres légèrement entrouvertes. Qui ?
*Hey ! Tu m'entends ? C'est moi, Jack !*
Impossible. Tout cela se passait dans sa tête. Jack n'existait qu'un jour sur deux. Quand Emilie s'incarnait, il disparaissait. C'était impossible. Elle rêvait encore.
Emilie s'habilla en vitesse. En retournant dans sa chambre, elle attrapa une lettre scellée qu'elle destinait à ses parents et quitta son dortoir sur la pointe des pieds. La voix avait disparu. Emilie l'avait imaginé. Trop d'imagination ajoutée à une mauvaise nuit et voilà ! Collins devenait cinglée. La jeune fille avait emprunté le chemin de la volière. Elle traversa les couloirs déserts de Poudlard, frémissant à l'idée de devoir sortir et, en plus, elle avait oublié sa cape !
Emilie - "Emilie Collins, tu es une idiote !"
Sa voix résonna dans le hall. Elle avait parlé trop fort. Elle poussa la porte d'entrée majestueuse et coupa à travers le parc en direction de la tour aux hiboux. Elle gravit les marches quatre à quatre. La voix avait disparu. Ou plutôt, il n'y avait jamais eu de voix. Juste Emilie et sa folie naturelle. Les Collins n'avaient pas de hiboux. Ils avaient l'habitude d'emprunter un des volatiles de l'école lorsqu'ils souhaitaient envoyer une lettre à leurs parents. Pourtant, leur adresser une lettre était une chose exceptionnelle pour Jack ou Emilie. Les deux Poufsouffles étaient issus d'une famille moldue. Une famille moldue qui, dix-sept ans auparavant, avait mené une véritable chasse aux sorcières ! Cette chasse s'était soldée par une malédiction que rien ni personne ne semblait pouvoir lever. Le clou dans tout ça avait été, pour monsieur et madame Collins, d'apprendre, onze plus tard, que leurs jumeaux étaient eux-même des sorciers. Des monstres aux yeux de personnes fermées d'esprit.
Emilie hésita au moment d'attacher sa lettre à la patte d'un hibou. Sa mère prendrait peur, son père chasserait l'oiseau et la lettre lui reviendrait. Alors Emilie la brûlerait l'air de rien. La jeune fille soupira et finallement relâcha l'oiseau. Il ne porterait pas de message ce matin.
Elle fit demi-tour, quitta la volière, commença à descendre les marches mais son attention fut captée par une silhouette immobile au loin, allongée au bord du lac. Emilie fronça les sourcils. Soit il s'agissait d'un étudiant qui avait trop fait la fête la veille, s'était endormi au bord du lac et était mort de froid, soit c'était un évadé d'azkaban qui, en sortant de prison, avait reçu un coup de poing lors d'une rixe dans un bar à Pré-au-lard, s'était réveillé amnésique, avait erré jusqu'à Poudlard et était tombé mort de froid. Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre de ces cas, Emilie ne pouvait pas ne rien faire. Elle n'avait pas un caractère héroïque, mais elle se sentirait mal si elle ne faisait rien. La jeune fille descendit les marches plus vite, traversa le parc à grandes enjambée et arriva bien vite sur le ponton qui dominait le lac. Elle s'approcha de la silhouette et... Zut ! Quelle déception ! C'était juste un étudiant qui flânait... Emilie prit, involontairement, une mine déçue. Elle se trouvait conne maintenant.

*Tu te fais vraiment des films !* reprit la voix dans sa tête.